Programme de Recherche International
Normandie
Paris Île de France
Dans cette communication, je voudrais explorer la place et le rôle des collectionneurs lors de la 4e exposition dite « impressionniste » en 1879. Celle-ci est en effet un cas d’étude intrigant puisque près de 37% des œuvres appartenaient à divers propriétaires, et elle se distingue des huit autres expositions « impressionnistes » pour le nombre élevé d’œuvres prêtées et mentionnées comme telles dans le catalogue. Dans la quarantaine de prêteurs identifiés, on repère des personnalités bien connues comme Georges de Bellio, Théodore Duret, Ernest May ou Eugène Murer, ainsi que des artistes-collectionneurs tels que Gustave Caillebotte, Paul Gauguin et Henri Rouart. Parmi les artistes, ce sont surtout Edgar Degas, Jean-Louis Forain, Claude Monet et Camille Pissarro qui ont majoritairement fait appel à des collectionneurs et, dans leurs cas, une grande partie de leurs œuvres n’étaient pas à vendre. Dans cette communication, je voudrais expliciter l’alliance de ces artistes avec un ensemble hétérogène de collectionneurs qui leur ont permis d’exister sur la scène artistique et de créer un nouveau marché. Très peu évoqués par la presse, ces collectionneurs n’apparaissaient qu’en filigrane. Mais les questions à leur sujet demeurent nombreuses : avaient-ils des liens entre eux ? En quoi leur soutien lors de l’exposition de 1879 a-t-il été crucial ? Leur participation à l’exposition comme prêteurs a-t-elle stimulée leurs désirs d’achats et les a-t-elle orientés vers des artistes qu’ils ne collectionnaient pas auparavant ? En analysant précisément leurs parcours, ainsi que la spécificité de la 4e exposition de peinture, j’essaierai de répondre à ces questions qui permettent de revaloriser le rôle des collectionneurs et du public à la fin des années 1870. Dès lors, je les aborderai non pas selon un angle monographique et diachronique, mais de façon à la fois synchronique et systémique puisqu’il s’agira d’étudier un moment donné, celui de la 4e exposition de peinture qui a lieu entre le 10 avril et le 10 mai 1879, et un écosystème, entendu ici comme une communauté d’artistes et de collectionneurs liés par un projet et agissant de manière interdépendante.