Programme de Recherche International
Normandie
Paris Île de France
Cette présentation a pour ambition de replacer l’impressionnisme dans le « système des objets » collectionnés. En d’autres termes, il s’agit d’analyser ce que les amateurs d’œuvres impressionnistes collectionnaient en même temps que ces dernières, et quels étaient leurs goûts. Assistait-on à des régularités des préférences, parmi ces collectionneurs, et si oui, comment ces systèmes de préférences se structuraient-ils, à la fois dans le temps et dans l’espace social ? Les collectionneurs des impressionnistes formaient-ils un groupe homogène et singulier par rapport aux autres collectionneurs, et comment le système des objets collectionnés se positionnait-il dans le champ beaucoup plus vaste des collections en général ? Afin de répondre à ces questions, deux sources seront mobilisées afin d’élargir la focale au maximum et de permettre une approche comparative et quantitative pour trois années d’intérêt : les procès-verbaux des commissaires-priseurs parisiens et les annuaires de collectionneurs. L’analyse quantitative de cette double source, par les ventes publiques et par les annuaires, permet de dégager trois temps. En 1875, l’impressionnisme était collectionné et défendu par des amateurs dont les goûts se portaient principalement vers les tableaux dit « modernes » de l’école de 1830 et qui défendaient également d’autres jeunes artistes qui livraient eux-mêmes leurs œuvres aux enchères – notamment ceux qui composaient la « Société des dix ». En 1900, l’impressionnisme, désormais consacré, semblait être rentré dans la moyenne des collections de tableaux modernes, en rejoignant le premier socle formé par l’école de 1830 ; il ne permettait plus de réelle différenciation dans le champ des collectionneurs. En 1925, les amateurs de l’impressionnisme collectionnèrent les œuvres d’art « ancien », et non plus seulement les œuvres « modernes », et firent preuve d’un plus grand éclectisme. Néanmoins, comme en 1900, le goût pour l’impressionnisme ne constituait pas un trait distinctif et singulier dans l’espace des collectionneurs.