CONSTITUER LA COLLECTION : ARTISTES ET AMATEURS
Gwendoline Corthier-Hardoin,
École normale supérieure de la rue d’Ulm
La constitution des collections d’artistes impressionnistes
Fausto Minervini
Accademia di Belle Arti di Bologna
Les De Nittis, collectionneurs et «collectionnés»
L’un des aspects les plus captivants de la carrière artistique de Giuseppe De Nittis (1846-1884), chef de file du soi-disant « impressionnisme italien » à Paris, est le lien étroit entre les dynamiques de sa vie personnelle et celles de son collectionnisme. Jusqu’à sa mort, l’esprit artistique du peintre italien, d’une part, fut conditionné par les exigences socioéconomiques résultant du bovarysme de sa femme Léontine, alors que, de l’autre côté, il manifesta une propension résolue et naturelle vers le credo impressionniste, qu’il accueillit de manière quand même ‘modérée’.
Dans ce contexte, De Nittis interagit avec certains des avant-gardistes français en devenant parfois collectionneur de leurs œuvres et, à son tour, étant ‘collectionné’ par eux. Celle du peintre italien fut une collection assez modeste, mais qui permet d’analyser son approche dichotomique et conflictuel vers le mouvement français : sous certains points de vue, en collectionnant l’impressionnisme, De Nittis collectionnait les principes artistiques et éthiques dans lesquels il avait fermement cru dès sa jeunesse à Naples, mais qu’il ne pouvait plus embrasser à cause des rythmes vertigineux de travail pour supporter les coûts des ambitions sociales de sa femme. Cette dualité artistique du peintre italien finit essentiellement par scinder son activité entre obligation et plaisir, ce qui en fait un ‘transformiste’ du panorama français de la seconde moitié du XIX siècle.
Alexandre d’Andoque,
Association du Musée d’Art Gustave Fayet à Fontfroide
La collection de Gustave Fayet
Mais lorsque Fayet commence à collectionner en 1900, il s’intéresse d’abord aux impressionnistes. En cinq ans, il rassemble à côté de ses premiers Gauguin et Van Gogh, une importante collection de pastels de Degas, d’huiles et d’aquarelles de Cézanne, d’œuvres de Renoir, ainsi que quelques pièces de Monet, Pissarro ou Morisot. En tout plus d’une quarantaine d’œuvres, certaines ayant appartenu aux collectionneurs de la première génération.
Il lui arrive parfois d’acheter en vente publique, à la vente de l’abbé Gaugain par exemple. Mais il préfère, lorsqu’il est à Paris, se rendre, accompagné de son ami et collectionneur, Maurice Fabre, chez Durand-Ruel, Bernheim-Jeunes ou Vollard pour regarder, discuter, sélectionner et négocier les œuvres.
Pour acquérir ces tableaux, Fayet propose souvent aux marchands en monnaie d’échange des œuvres de la collection d’Armand Cabrol, 40 huiles, pastels et dessins de Carrière, Degas, Manet, Monet, Monticelli, Pissarro, Renoir ou Sisley qu’il a achetés en décembre 1899 ou des œuvres héritée de son père. A l’exception de sept Renoir qui resteront dans la collection jusqu’à sa mort en 1925, Fayet échange ou revend à partir de 1905 les œuvres acquises, réalisant parfois de bonnes affaires, comme lorsqu’il cède en bloc à Charles Pacquement, pour 100.000 francs huit Cézanne en juin 1910.Aucun sujet n'a été trouvé ici